Le Dieu que je confesse a un jour pris visage d’homme. Il a quitté ses hauts lieux. Il a osé un face-à-face avec l’humanité. Paradoxalement, et c’est bouleversant,grâce à son incarnation […], je sais aujourd’hui que chacun de nos visages rayonne d’un éclat divin. Dieu est en chacun de nous. Alors, il est peut-être bien unique. Mais quelle diversité! Dit autrement,le Dieu que je confesse est unique,mais il n’est pas uniforme. […]Nos identités ne se définissent pas de manière unique, mais complexe. Parce que Dieu, à l’image duquel nous sommes, est lui-même complexe. Je peux le décrire,mais pas le circonscrire. […]Les chrétiens confessent un Dieu qui s’est incarné en Jésus-Christ. Lui dont nous avons réentendu cette parole: «Je suis le chemin et la vérité et la vie.» Le chemin, la vérité et la vie ne sont donc pas des dogmes ni même des mots, mais une personne avec laquelle nous pouvons entrer en relation.[…] Ce qui nous met en mouvement vers les autres, c’est bien nos différences. Et, avec elles, la reconnaissance que nulle religion ne peut prétendre à elle seule tout détenir de Dieu puisque, par définition,Dieu est plus grand que ce que l’on peut en dire ou en penser. Dieu nous échappe, à tous. Cette réalité-là d’un écart magistral entre un Dieu absolu et la connaissance que nous en avons, qui n’est jamais absolue, est commune au judaïsme, au christianisme et à l’islam. Nous partageons cette conviction qu’il est interdit d’enfermer Dieu dans laconnaissance humaine. Saurons-nous accepterque cela nous lie bien plus que nousne voulons l’admettre?