Le deuxième commandement (Exode 20,4-6) interdit effectivement toute image de
Dieu. Ce commandement n'exige pas simplement de ne pas se faire de représentation
physique de Dieu comme l'était par exemple le veau d'or (Exode 32) ou une statuette.
Ce sont en fait toutes les représentations - y compris nos images mentales - de
Dieu qui sont interdites.

Avant de rejeter ce commandement - qui reste parole de Dieu -, demandons-nous
cependant pourquoi il a été donné. Se faire une représentation, c'est dé-finir,
donc limiter. Or Dieu dépasse tout ce que nous pouvons nous représenter. Le
représenter comme Père, c'est ne pas le représenter aussi comme Mère et avec tout
ce qu'il y a de féminin ou encore de maternel en Lui-Elle. Le représenter comme
tout-puissant, c'est passer à côté de toutes les fois où il nous rencontre dans
la faiblesse etc. Limiter Dieu, c'est vouloir l'avoir à sa disposition. Or c'est
nous qui devons être à Sa disposition, non Lui à la nôtre! Et quand on croit
pouvoir avoir Dieu à sa disposition, on se croit au moins l'égal, voire le supérieur,
de Dieu. De fil en aiguille, on va aussi se considérer supérieur aux autres et
bonjour les dégâts!

Nous ne pouvons cependant pas faire autrement que de nous représenter Dieu.
Dans ce que viens d'écrire, j'ai utilisé plusieurs représentations de Dieu.
Nous ne pouvons en parler sans le définir. Que faire alors ? Dieu nous a donné
la réponse en Jésus. En lui, il s'est dit à nous de manière complètement paradoxale.
Le tout-puissant s'est fait sans pouvoir (à la croix). L'omniscient s'est fait
limité dans sa connaissance (lorsqu'il avoue ne pas savoir le jour et l'heure
de la fin : Mc 13,32). L'éternel s'est fait mortel. Ce faisant, Dieu nous invite
à en parler en utilisant toujours des contradictoires. Ainsi ne définissons-
nous pas Dieu, mais pouvons-nous quand même cerner ce qui est impossible à saisir:
Dieu qui est tout autre et en même temps tout proche de nous.