
Le scepticisme allié du christianisme ?
J'ai trouvé des réactions à votre réponse La foi, une expérience ?Ÿ sur le site athée suivant: http://www.lemanlake.com/foros/forum.php?f=15&view=77 Pourriez vous répondre aux questions suivantes? En voici le copié/collé: Très bien, ton post, Beuaa, mais explique-moi en quoi le scepticisme philosophique s'allie parfaitement avec la foi chrétienne ? Je ne suis pas de ton avis. S'agit-il d'un "christianisme nouveau" qui vient d'arriver ? Et puis aussi, que la foi est une folie, je veux bien l'admettre, mais qu'un croyant en dieu nous parle de la folie de dieu, laisse quelque peu perplexe. Et encore, un dieu qui se fait homme pour mourir ? Y a pus dieu, alors, pisqu'il est mort ? Mais là où je coince, et où le signe de folie est le plus évident, c'est l'affirmation dénuée de sens que la mort abominable et gratuite d'un homme t'offre une vie qui vaut la peine d'être vécue. Où est le lien entre cette mort imaginaire et ta vie ? Où est le lien entre un sacrifice humain gratuit et le bien-ê
e société ?
Déjà dans l'antiquité préchrétienne, les civilisations avancées avaient aboli
(et interdit)les sacrifices humains.
Ton christianisme ne te paraît-il pas un peu barbare attardé ?
Imagine la tête d'un romain des premiers siècles de notre ère de merde qui voit
se repointer le nez d'une croyance fondée sur un sacrifice humain...
La folie ne réside-t-elle pas précisément dans cette conviction inébranlable
qu'il existe un lien de cause à effet entre un humain sacrifié (à un dieu ?)
et ton bien-être ?
D'autre part, où as-tu vu que j'ai "foi en ma raison" ????
explication de mots, stp : Foi ? Raison ?
Je vais d'abord répondre à votre première question : en quoi le scepticisme
philosophique s'allie-t-il parfaitement avec la foi chrétienne ? De Sextus Empiricus
à Karl Popper en passant par Guillaume d'Ockham existe une tradition qui reste
sceptique aussi longtemps que l'on n'arrive pas dégager des idées claires et distinctes.
Elle proposait, par exemple, de suspendre son jugement aussi longtemps que stoïciens
et épicuriens ne seraient pas arrivés à se mettre d'accord sur la nature de
la nature: est-elle providentiellement ordonnée ou est-elle le fruit du hasard
? Les sceptiques proposent aussi de suspendre leur jugement sur toutes les questions
métaphysiques qui échappent complètement à toute vérification comme à toute
réfutation (falsification). Contrairement à une idée répandue, le sceptique ne doute
donc pas de tout ni ne considère pas tout comme relatif. Il poursuit inlassablement
la quête de la vérité car, à ses yeux, il existe des vérités que, jusqu'à plus
ample informé, on peut établir.
Nous avons l'habitude, quand nous pensons au christianisme, d'envisager une
doctrine qui prétend tout expliquer, qui se prononce sur toutes les grandes
questions métaphysiques... C'est que le christianisme s'est fait récupérer par
les grandes métaphysiques originaires de Grèce. Mais en son essence, le christianisme appelle
les humains à faire preuve d'humilité en toutes choses devant Dieu. C'est en
particulier le cas en ce qui concerne l'usage que nous devons faire de ce don
de Dieu qu'est la raison. Trop facilement elle peut, en effet, devenir la putain
du Diable (Luther). On en use alors pour se passer de Dieu, pour prétendument
connaître les choses comme Dieu les connaît, pour déterminer nous-même le bien
et le mal. Bref, la raison se fait servante du péché. Lorsqu'elle se veut par
contre servante de la foi, elle garde toute son incommensurable valeur, mais
dans des limites qui se trouve justement être celles que les sceptiques lui
imposent. Voilà pourquoi le scepticisme s'allie parfaitement, du point de vue
épistémologique, avec la foi chrétienne.
Si vous voulez creuser un petit peu cette question, je puis vous conseiller
l'ouvrage tout à fait accessible de Pierre-André Stucki: Le protestantisme et
la philosophie, la croisée des chemins, Genève, Labor et Fides, 1999, 128pp.
Je me propose de reprendre les autres questions que vous posez et qui sont très
importantes dans une ou d'autres réponses qui viendront dans les jours prochains!
Déjà dans l'antiquité préchrétienne, les civilisations avancées avaient aboli
(et interdit)les sacrifices humains.
Ton christianisme ne te paraît-il pas un peu barbare attardé ?
Imagine la tête d'un romain des premiers siècles de notre ère de merde qui voit
se repointer le nez d'une croyance fondée sur un sacrifice humain...
La folie ne réside-t-elle pas précisément dans cette conviction inébranlable
qu'il existe un lien de cause à effet entre un humain sacrifié (à un dieu ?)
et ton bien-être ?
D'autre part, où as-tu vu que j'ai "foi en ma raison" ????
explication de mots, stp : Foi ? Raison ?
Je vais d'abord répondre à votre première question : en quoi le scepticisme
philosophique s'allie-t-il parfaitement avec la foi chrétienne ? De Sextus Empiricus
à Karl Popper en passant par Guillaume d'Ockham existe une tradition qui reste
sceptique aussi longtemps que l'on n'arrive pas dégager des idées claires et distinctes.
Elle proposait, par exemple, de suspendre son jugement aussi longtemps que stoïciens
et épicuriens ne seraient pas arrivés à se mettre d'accord sur la nature de
la nature: est-elle providentiellement ordonnée ou est-elle le fruit du hasard
? Les sceptiques proposent aussi de suspendre leur jugement sur toutes les questions
métaphysiques qui échappent complètement à toute vérification comme à toute
réfutation (falsification). Contrairement à une idée répandue, le sceptique ne doute
donc pas de tout ni ne considère pas tout comme relatif. Il poursuit inlassablement
la quête de la vérité car, à ses yeux, il existe des vérités que, jusqu'à plus
ample informé, on peut établir.
Nous avons l'habitude, quand nous pensons au christianisme, d'envisager une
doctrine qui prétend tout expliquer, qui se prononce sur toutes les grandes
questions métaphysiques... C'est que le christianisme s'est fait récupérer par
les grandes métaphysiques originaires de Grèce. Mais en son essence, le christianisme appelle
les humains à faire preuve d'humilité en toutes choses devant Dieu. C'est en
particulier le cas en ce qui concerne l'usage que nous devons faire de ce don
de Dieu qu'est la raison. Trop facilement elle peut, en effet, devenir la putain
du Diable (Luther). On en use alors pour se passer de Dieu, pour prétendument
connaître les choses comme Dieu les connaît, pour déterminer nous-même le bien
et le mal. Bref, la raison se fait servante du péché. Lorsqu'elle se veut par
contre servante de la foi, elle garde toute son incommensurable valeur, mais
dans des limites qui se trouve justement être celles que les sceptiques lui
imposent. Voilà pourquoi le scepticisme s'allie parfaitement, du point de vue
épistémologique, avec la foi chrétienne.
Si vous voulez creuser un petit peu cette question, je puis vous conseiller
l'ouvrage tout à fait accessible de Pierre-André Stucki: Le protestantisme et
la philosophie, la croisée des chemins, Genève, Labor et Fides, 1999, 128pp.
Je me propose de reprendre les autres questions que vous posez et qui sont très
importantes dans une ou d'autres réponses qui viendront dans les jours prochains!

