Vous soulevez une question qui mérite vraiment d'être bien réfléchie. Quand
la Bible demande de pardonner aux ennemis, demande-t-elle vraiment de jouer
le rôle continuel de la bonne poire? Je ne le crois pas.
Aimer ses ennemis, pour moi, c'est les considérer quoi qu'il arrive comme des
êtres humains. Cela veut dire les considérer comme étant aussi bien que moi
les destinataires de l'amour de Dieu. Dans ma manière de vivre les conflits,
je suis appelé et guidé par Dieu à ne pas souhaiter la mort ou l'écrasement
de mes adversaires ou de mes ennemis. Bien au contraire, Dieu m'accorde une
valeur qui me rend digne de respect et accorde aux autres une intelligence qui
doit leur permettre de me respecter. Aimer mes ennemis, c'est croire envers
et contre tout qu'ils sont capable de me respecter et de comprendre mon point
de vue, ou tout au moins de reconnaître que mon point de vue est différent du
leur.
Aimer ses ennemis, ce n'est donc pas tout accepter de leur part, c'est reconnaître
le conflit comme une relation, certes parfois difficile, entre êtres humains
capables d'humanité. C'est une relation entre des personnes qui sont aimées
de Dieu. Etre aimé de Dieu ensemble et le reconnaître, c'est déjà faire un pas
vers quelqu'un qui devient un peu moins ennemi.