Les interrogations de champions de l’écologie

Un culte spécial a célébré, le 30 mars dernier, les accomplissements écologiques de la paroisse. / © Bertrand Kissling
i
Un culte spécial a célébré, le 30 mars dernier, les accomplissements écologiques de la paroisse.
© Bertrand Kissling

Les interrogations de champions de l’écologie

Nouveau départ
Seule équipe romande à avoir atteint le niveau «bronze» de la démarche EcoEglise, le groupe de la paroisse d’Oron-Palézieux s’interroge sur son avenir. Une fois les «gros projets» réalisés, comment continuer? Rencontre.

Ce mercredi soir, l’ambiance est partagée lorsque les quatre membres du groupe EcoEglise d’Oron se retrouvent dans la salle paroissiale de Palézieux. D’un côté, Anne-Catherine Schwaar, Jean-Luc Kissling, Michel Bovy et le diacre Emmanuel Spring qui les accompagne se réjouissent. Depuis quatre ans, l’équipe locale a agi méthodiquement «avec le soutien du conseil paroissial, de conseillers communaux», et mis en place «avec efficacité» toute une série d’initiatives écologiques, de la création de nichoirs à martinets à l’achat de gobelets compostables pour la sainte cène. L’ancrage de Michel Bovy et de Jean-Luc Kissling dans la vie de la commune a été précieux. L’éco-diagnostic d’EcoEglise «a servi de repère», reconnaît Anne-Catherine Schwaar, «âme» du groupe, selon ses collègues, et architecte méticuleuse des procès-verbaux qui construisent toutes les rencontres mensuelles.

Elargir le groupe à d’autres paroisses

Réjouissance, donc, et joie de mesurer le chemin accompli. Mais réserve aussi, car «on est à un tournant», explique Anne-Catherine Schwaar. Effectivement, tout le monde retient son souffle quand Jean-Luc Kissling annonce formellement son départ: «Je crois que j’ai donné tout ce que je pouvais. J’arrive à l’âge où l’on essaye de se poser un peu.» Dans le silence qui s’abat, les pincements au cœur sont palpables. Comment continuer? L’interrogation en recouvre en réalité deux autres. D’abord, avec qui poursuivre? «Pour prétendre à être un groupe EcoEglise, il faut être au minimum trois. Emmanuel prendra sa retraite cet automne et ne pourra donc pas nous rejoindre…» 

Pour garantir la pérennité, l’une des solutions serait d’élargir le groupe à d’autres paroisses. «C’est la logique d’Eglise 29», fait remarquer Emmanuel Spring, qui rappelle que cette future organisation de l’Eglise réformée vaudoise prévoit des pôles thématiques regroupant des personnes de plusieurs paroisses. De quoi imaginer une dynamique plus large, plus de bénévoles… Pour l’instant, bonne nouvelle, la fille d’Anne-Catherine Schwaar souhaiterait rejoindre l’aventure. «C’est venu d’elle. J’étais surprise et j’ai trouvé ça tellement beau!» A court terme, le petit groupe local continuera donc.

Entrer dans l’écospiritualité

Reste la question du contenu. «On a fait beaucoup de gros projets, très concrets. Je me dis qu’il est peut-être temps d’entrer dans une démarche d’écospiritualité, où l’on prendrait du temps pour aller plus au-dedans, s’interroger sur nos motivations, apporter une profondeur spirituelle…» propose l’animatrice du groupe tout en reconnaissant que les premiers pas déjà faits dans cette direction «n’ont pas été évidents». «C’est comme si notre énergie retombait. J’ai senti l’ambiance s’essouffler.» 

D’un autre côté, se contenter d’organiser des aménagements écologiques ne convient pas non plus au groupe. Car il faut aussi tenir compte du lien à l’Eglise: «C’est ce qui nous différencie du WWF.» Reste qu’EcoEglise n’est pas non plus une paroisse. «Notre groupe est une jonction entre des croyants et des laïcs du coin qui ont une sensibilité environnementale. Nous permettons l’échange entre les deux et ce serait dommage de perdre cette spécificité », remarque Emmanuel Spring. L’orientation de fond du groupe se fera peut-être «naturellement», en fonction des personnes qui le rejoindront? D’ici là, l’équipe compte bien faire encore éclore quelques projets sur sa to-do list. Et en trouver d’autres, par exemple un parcours méditatif en forêt. Délicate association entre l’action… et l’intériorité.

Vous souhaitez apporter votre contribution au groupe EcoEglise d’Oron-Palézieux

Ecrivez à anne-catherine.schwaar@bluewin.ch.