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Bible: ce que disent les textes

N'est-il pas facile de reconnaître ses torts sans vraiment changer?

Par
florence Pigoreau
Réponse de
Je précise, pour me situer, que je suis catholique. Peu importe puisque vous et moi sommes chrétiens. J'aimerais vous demander votre avis protestant concernant une question au sujet de laquelle j'ai eu une réponse catholique. Il s'agit de la parabole du pharisien et du publicain. Je ne comprends par car il me semble que cet exemple est mal choisi. Vous savez bien en effet que les publicains étaient des percepteurs, et que les autorités d'occupation romaines, à partir du moment où les sous rentraient, n'étaient pas très regardantes sur la façon de procéder, façon qui était généralement malhonnête. Alors le publicain peut toujours se traîner à plat ventre, se frapper la poitrine jusqu'à se la défoncer, etc., on a du mal à imaginer qu'il va risquer d'exposer sa famille à la misère en renonçant à une profession lucrative. Evidemment c'est très probablement une histoire fictive. Mais, c'est un ressenti tout à fait personnel, on a l'impression qu'il sait bien qu'il ne changera pas, et que c'est précisément cela qui le rend aussi malheureux. Merci par avance de me dire ce que vous en pensez, et bien fraternellement à vous. Florence Pigoreau.

Je ne sais pas si la question par laquelle je tente de reformuler votre demande correspond bien à votre interrogation. Si je comprends bien, vous avez des doutes sur la sincérité du publicain de la parabole qui se trouve dans l'Evangile de Luc (18.9-14) et il ne vous semble donc pas vraiment approprié que Jésus le prenne en exemple.

Dans cette histoire que Jésus raconte, en ayant en vue certaines personnes convaincues d'être justes et ne faisant aucun cas des autres, il met en évidence le contenu de la prière du pharisien et du publicain.

Le pharisien affirme: "Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste deshommes, qui sont ravisseurs, injustes, adultères, ou même comme cepublicain...". De fait il s'autojustifie, il n'attend rien de Dieu, il a juste besoin de lui pour faire valoir sa propre justice.  

Pour sa part, le publicain présent à Dieu sa requête:  "Sois apaisé envers moi, qui suis un pécheur". Il sait qu'il ne peut compter que sur la grâce de Dieu, qu'il a besoin de son pardon. Rien ne dit en effet dans ce texte qu'il a la volonté ou le pouvoir de changer sa situation de publicain. Mais la parabole se termine en précisant que, dans cette maison-là, Dieu est accueilli. Et c'est cette présence qui va constituer une dynamique de changement possible dans la vie de cet homme.

Dans le chapitre suivant (Luc 19.1-10), Jésus rencontre un publicain du nom de Zachée et cet épisode montre bien comment sa recherche est entendue au-delà de son espérance et l'entraîne dans cette dynamique du changement.

Du reste, l'Evangile nous apprend à nous méfier de toutes les généralisations, y compris de celles qui avaient cours du temps de Jésus et qui considéraient tous les publicains comme des gens malhonnêtes  et tous les pharisiens comme des justes ! Aujourd'hui nous sommes parfois tentés dans notre lecture des Evangiles par des généralisations inversées !