Apocalypse et bombe atomique
L’exposition temporaire «Apocalypses. Qu’avez-vous vu à Hiroshima?» interroge la mémoire immédiate et la postérité des deux bombes atomiques qui mirent fin à la Seconde Guerre mondiale en août 1945. Le Musée international de la Réforme (MIR) met notamment en lumière le travail du photographe genevois Nicolas Crispini, qui a réuni de nombreux documents et matériaux. Ses clichés retravaillés offrent une vision saisissante du désastre.
Sous le thème de l’Apocalypse, le parcours de l’exposition tire aussi un parallèle avec l’arme nucléaire, faisant écho au discours prononcé en 1954 par le théologien et pasteur protestant français Albert Schweitzer, Prix Nobel de la paix, qui s’opposait à la poursuite des essais nucléaires par les Américains
Dans la première salle, l’image agrandie d’un dessin de Lucas Cranach l’Ancien illustrant la traduction allemande de la Bible par Martin Luther entre ainsi en résonance troublante avec une photographie de l’explosion de la première bombe atomique, avant Hiroshima.
La scénographie mêle éléments visuels et sonores: paysages des deux villes détruites, corps disparus ou mutilés, récits de témoins d’hier et d’aujourd’hui. Treize rescapés livrent leurs souvenirs du 6 août 1945 devant la caméra de Nicolas Crispini.
Parallèlement, l’exposition questionne la propagande inconsciente ou organisée autour de l’atome militaire par les vainqueurs. Les médias occidentaux la présentent comme «propre et positive, propice à la paix». Dans l’une des salles, on retrouve des disques vinyles, vêtements, films, jouets, bandes dessinées et même l’affiche de l’élection aux États-Unis de la plus belle «Miss Bombe atomique». Sur une photo du champignon atomique de Nagasaki, le copilote de l’avion qui largua la bombe sur la ville nipponne écrit: «Meilleurs voeux pour un futur plein de bonheur.» Le visiteur est invité à mettre en balance l’ambivalence de ces messages face à un événement qui causa la mort d’au moins 200 000 personnes.
Côté pratique
«Apocalypses. Qu’avez-vous vu à Hiroshima?», exposition temporaire à voir jusqu’au 11 janvier 2026, du mardi au dimanche, de 10h à 17h, au Musée international de la Réforme, cour de Saint-Pierre 10, Genève.
www.musee-reforme.ch.