Un espace de dialogue encore ouvert

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Un espace de dialogue encore ouvert

Reportage
La Plateforme interreligieuse de Genève poursuit l’organisation d’événements pour que les liens perdurent entre les membres des différentes communautés malgré les difficultés actuelles.

«Les portes ne sont pas fermées, mais c’est vrai que le tableau a changé: l’interreligieux est un défi actuellement. Ce n’est pas facile. En ce moment, nous ne pourrions pas proposer certaines choses que nous faisions il y a quatre ans. Mais ce n’est que temporaire. C’est pour cela qu’il faut tenir, laisser un espace de dialogue ouvert en attendant des temps plus sereins», partage Barbara Doswell,coordinatrice de projets à la Plateformeinterreligieuse de Genève (PFIR). La mission de l’association – fondée en 1992 et très active depuis – consiste à valoriser la diversité et le dialogue interreligieux. Une vocation qui s’est complexifiée ces dernières années en raison notamment du terrorisme religieux et du conflit israélo-palestinien. La PFIRorganise depuis plus de trente ans des événements, participant notamment chaque année à la Semaine des religions. 
En ce jeudi 9 octobre, la réunion en ligne est consacrée à la finalisation de la journée d’étude «Mort et deuil: approches culturelles et religieuses» organisée en partenariat avec la Faculté de théologie de Genève. Jean-Marc Falcombello (bouddhisme), DiaKhadam (islam) et Beate Bengard (christianisme),qui prendront la parole lors des deux tables rondes du mardi 28 octobre à la mosquée, y participent. Les autres intervenants– Eric Ackermann (judaïsme)et Agnès Krüzsely (protestantisme) –se sont excusés.

Une meilleure compréhension mutuelle
«Le repas de midi sera bien végétarien comme convenu?» «Est-ce que ce serait un problème que la table ronde continue durant la prière de l’après-midi à la mosquée?» «Il faut prévoir un temps pour expliquer aux personnes souhaitant y assister à la prière comment se comporter.» La volonté d’anticiper les éventuels points qui pourraient poser problème – «J’ai déjà prévu des petits foulards à mettre sur les cheveux durant la prière pour les non musulmanes qui le souhaitent» – se voit tout au long de la réunion. Les réponses sont précises, les solutions trouvées rapidement tant ils et elles ont l’habitude de travailler ensemble. Chercher des compromis est une évidence. Un point est plusieurs fois relevé: l’équilibre des différentes voix devra être tenu, d’autant plus que c’est la mosquée qui accueillera cette rencontre et que ses traditions seront mises en avant lors de sa visite. Membre du comité exécutif de la PFIR, l’ancien diacre protestant Maurice Gardiol promet d’y veiller en tant que «maître du temps».
Un nouveau point qui aurait pu cristalliser certaines tensions est donc réglé avant de devenir un conflit potentiel. Durant cette journée d’étude interreligieuse, la diacre Agnès Krüzsely témoignera, par exemple, de sa pratique. Dia Khadam, aumônière musulmane aux hôpitaux universitaires de Genève, présentera quant à elle les rituels et l’accompagnement fait à l’approche de la mort et au moment du décès, notamment le lavage mortuaire, dans la morgue de la mosquée. Les différentes interventions contribueront toutes à montrer la diversité des regards sur cette réalité universellement partagée.

Trois choses à savoir pour pouvoir dialoguer
CLICHÉS - Pour éviter de caricaturer les fidèles, l’Université Harvard a proposé, il y a quelques années, trois affirmations à intégrer lorsque l’on parle de religion. Elles avaient alors été largement relayées.
• Il y a de la diversité au sein d’une communauté croyante. Une appartenance religieuse ne suffit pas à déterminer ce que pense une personne ou comment elle vit sa foi.
• Les doctrines évoluent au fil du temps. Une communauté ne dirait peut-être plus aujourd’hui ce qu’elle affirmait il y a dix ou cent ans. Même les Églises changent d’avis.
• La foi se vit dans un contexte social. Les religions influencent les sociétés, mais l’inverse est aussi vrai. Notre appartenance ethnique ou notre classe sociale, par exemple, ont une influence sur notre façon de croire. /J.B.

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