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Synode de l’Église réformée vaudoise sous haute pression médiatique

13 novembre 2025
« Vérifiez toutes choses », lit-on dans les Thessaloniciens (1 Thess. 5 :21). Ce verset prend un sens tout particulier pour l’Église évangélique réformée vaudoise (EERV), secouée depuis octobre par les remous du départ forcé des deux journalistes de Protestinfo. Lors de son Synode des 7 et 8 novembre à Lausanne, la conseillère synodale Anne Abruzzi a fait savoir aux délégués que le Conseil exécutif de la Conférence des Eglises romandes (CECER) avait l’intention de commanditer un rapport pour faire toute la lumière sur ce dossier.

Au moins un expert externe devrait figurer parmi les personnes chargées de l’élaboration de ce rapport, dont l’échéance n’a pas encore été fixée. L’EERV souhaite que ses conclusions soient rendues accessibles au public. Le document devra répondre à une série de points qui font débat à l’intérieur comme à l’extérieur de la communauté protestante réformée de Suisse romande depuis le 10 octobre, date de l’annonce du renvoi des deux journalistes de l’agence Protestinfo par le Conseil exécutif de la Conférence des Églises réformées romandes (CER). Parmi les questions qui seront examinées : les circonstances exactes de leur départ, le respect des droits et des obligations de ces deux représentants des médias et l’avenir de l’agence de presse. 

Faisant allusion à l’effervescence des réactions à la suite de cette affaire, Yves Bourquin, vice-président de la Conférence des Eglises romandes (CER), a déclaré en début de Synode qu’il avait un souhait : « C’est une demande. S’il vous plaît, laissez-nous nous concentrer sur notre travail pour le nécessaire rétablissement de l’ordre. » De fait, l’interpellation déposée samedi par des délégués pour ouvrir une discussion sur ce dossier pendant le Synode n’a pas obtenu un nombre de votes suffisant. Le pouvoir législatif de l’EERV a donc consacré l’essentiel de plénière aux questions déjà inscrites à l’ordre du jour avant le début de l’affaire.

Questions de vocabulaire épineuses

L’assemblée s’est notamment penchée sur l’application pratique des nouveaux principes généraux de l’EERV en ce qui concerne la répartition des compétences du personnel et les procédures de recrutement. L’enjeu consiste à transposer ces grandes lignes directrices dans le Règlement Ecclésiastique (RE). Une tâche délicate, car les termes techniques ne résonnent pas pareillement pour tout le monde. Certains ont même trouvé l’exercice un peu fastidieux. « Vous voyez le temps qu’on passe à discuter de questions lexicales ? », a ainsi fait remarquer Pierre-Yves Brandt, délégué de la Faculté de théologie et de sciences des religions (FTSR) de l’Université de Lausanne, dans un débat qui menaçait de se prolonger sur la différence entre « responsable » et personne « en charge du service ». Même hésitation sur une autre alternative : « facilitateur » et « responsable ». Le président du Conseil synodal, Philippe Leuba, est intervenu : « Le Conseil préfère le premier terme, mais si vous ne l’acceptez pas, il n’y aura pas de schisme. »

« Je pense que s’il est difficile de se mettre d’accord, c’est parce que ces mots renvoient à des réalités concrètes face auxquelles nous sommes parfois ambivalents, nous confiait un délégué pendant la pause.  Par exemple, on aimerait pouvoir compter sur une personne-ressource pour favoriser le travail collectif, mais en même temps, on a peur de l’ingérence. La crainte d’être surveillé, dirigé, est très protestante. » Dans la salle, une autre voix s’est élevée pour critiquer la révision du RE par tranches successives. Pourquoi ne pas plutôt l’attaquer d’un bloc ? Réponse du président du Conseil synodal : « Il est plus facile d’insérer un paquet pas trop volumineux dans un ordre du jour. Vous pouvez ainsi traiter tous les points en une seule session synodale et au final, le rythme de travail est moins ralenti. » Sur un total de 290, plus de 80 articles du règlement ecclésiastique avaient déjà passé la rampe. Une première lecture de onze autres articles a été votée samedi à la majorité claire.

Nouvelle clé de calcul des contributions

En ce qui concerne le programme de législature, les verbes-clé utilisés pour définir les trois axes prioritaires de cet instrument de conduite sont : fortifier, encourager et déployer. Parmi les mesures qui en découleront, citons la mise à disposition des supports pour mesurer la vitalité de l’Église, la création d’un réseau d’ambassadeurs des paroisses (soit des personnes-ressources qui feront circuler leurs expériences), l’élaboration d’une charte des bénévoles, ou encore la réalisation de capsules vidéo et de supports de présentation projetables à chaque assemblée. La planification financière sera communiquée au synode lors de sa session de décembre.

Enfin, pour pallier à la réduction des subventions des paroisses, une nouvelle méthode de calcul des contributions a été proposée. Jusqu’ici, l’EERV s’appuyait surtout sur le nombre de protestants par commune. La nouvelle clé de répartition, présentée comme « la moins mauvaise solution », permet de combiner ce premier élément (à hauteur de 73%) avec le nombre d’habitants par commune (11%) et la capacité contributive des habitants (16%). À noter que le dernier critère, qui s’apparente à une contribution solidaire des régions à plus hauts revenus et fortune, est retenu par l’administration cantonale pour établir la péréquation intercommunale.